Renforcer la protection des enfants associés aux groupes extrémistes violents
L'utilisation des enfants par les groupes extrémistes violents, y compris des groupes terroristes, est un phénomène de plus en plus préoccupant. Utilises comme porteurs, espions ou cuisiniers, ces enfants sont souvent amenés à commettre des crimes, à participer à des actions violentes ou même à commettre des actes terroristes. Enfin, il n'est pas rare qu'ils soient victimes de violences sexuelles.
Du 1 au 3 juin 2016, des professionnels de la sécurité, de la justice, et de l'enfance de la sous-région ainsi que des experts se sont réunis à Dakar pour analyser ce problème, mettant en lumière les causes de ce phénomène, les conséquences sur ces enfants et le besoin d'une assistance a posteriori aux enfants démobilisés.
Ces enfants sont responsables d'actes de violence extrême, mais sont eux-mêmes victimes de violence. Cette exposition récurrente à la violence impacte gravement leur bien-être physique et psychologique, et les expose à de conséquences variées et complexes: risque de contracter des maladies auto-immunes, développement cognitif retardé, faible rendement scolaire, problèmes de santé mentale et reproductive, et nombreux autres traumatismes.
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Les moyens de recrutement sont multiples: enlèvement, enrôlement forcé ou par la promesse d'une rémunération matérielle, ou directement dans les écoles sous contrôle des groupes terroristes.
La question du type d'assistance à apporter à posteriori aux enfants démobilisés et à leurs communautés d'origine est particulièrement complexe. En effet, il est difficile de savoir quelle institution doit prendre en charge ces mineurs, et quelles peuvent être les réponses à apporter à ceux qui ont commis des violences graves, allant jusqu'à des actes meurtriers au sein de ces groupes.
Au moyen de travaux en groupes ou en session plénière, cet atelier a permis aux participants, provenant du Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, et Tchad, d'apporter leurs visions spécifiques sur les sujets en question. Les experts en justice, sécurité, et les membres des ministères de la protection de l'enfance ont pu partager leur expertise et leurs expériences en travaillant conjointement avec des membres de MINUSMA, HCR, HCDH, UNICEF et des ONGs, venus soit en tant qu'experts, soit en tant qu'auditeurs.
Pour faire face à ce phénomène, les participants ont souligné la nécessité d'améliorer la coordination entre les différents services et les acteurs, et les mesures à prendre pour y parvenir. Ils ont également mis en lumière l'importance de prévenir toute nouvelle victimisation lors du contact de ces enfants avec le système de justice.
Les débats ont également porté sur la question de savoir si ces enfants devaient être considérés comme responsables, ou non, des crimes commis lors de leur participation aux activités des groupes. La plupart des Etats représentés à l'atelier ont créé des services d'enquête et de poursuites spécialisés pour traiter les infractions liées au terrorisme. A contrario, la justice des mineurs et les institutions en charge de la protection de l'enfance sont éparpillées entre les organismes gouvernementaux, les services fournis par les autorités locales, et les prestataires non étatiques, entre autres. En conséquence, a été soulevée la question de la capacité de suivre ces mineurs et d'apporter une réponse appropriée à leurs cas par les agences gouvernementales présentes durant la réunion.
La délégation du Mali a donné l'exemple d'un protocole d'entente entre les autorités maliennes et UNICEF qui permet, lors d'une capture ou arrestation d'un mineur membre d'un de ces groupes, de leur confier l'enfant directement afin d'enclencher un processus de réinsertion, sans passer par le système judiciaire.
Cette activité fait suite à une réunion d'ONUDC d'octobre 2015 sur les enfants associés à Boko Haram, suivant les lignes du plan d'action pour prévenir l'extrémisme violent (A/70/674) du Secrétaire général de l'ONU. Cette activité s'inscrit dans le cadre du Programme Sahel de l'ONUDC. Le mandat de l'ONUDC dans la justice pour les enfants avait été clairement réaffirmé à plusieurs reprises au cours des années par de nombreuses résolutions de l'Assemblée générale, du Conseil économique et social (ECOSOC) et par le Conseil des droits de l'homme.